Vous avez investi plusieurs années de votre vie dans l’exploitation de votre commerce ou de votre entreprise et aujourd’hui vous envisagez de passer la main. Alors se pose la question principale : COMBIEN ?
COMBIEN ALLEZ-VOUS VENDRE VOTRE FONDS / VOTRE ACTIVITE ?
Pour ce faire il faut connaître les méthodes d'évaluation que l'acquéreur ou son comptable utilisera. Découvrez les ICI
Et comme toujours il y a la théorie et la pratique. La théorie ce sont les méthodes, les barèmes qui donnent une idée souvent de la valeur. La pratique c’est le marché et il fluctue en fonction de l’économie, des modes, des personnes aussi.
Analysons d’abord la théorie c’est à dire les différentes méthodes habituellement utilisées.
Cette méthode consiste à analyser les commerces de même nature vendus et à déterminer une moyenne qui se concrétise par un pourcentage du chiffre d’affaires ou par un multiple de la recette journalière. Usuellement le barème édité par les éditions Francis Lefebvre fait référence. Voici quelques exemples :
Un café pourra s’estimer 400 à 900 fois la recette journalière TTC et un café-tabac 80 à 120% du CA annuel TTC
Un coiffeur 65% à 130% du CA annuel TTC
Une librairie 40 à 60% le CA annuel TTC
Un hôtel de tourisme 80 à 300 fois la recette journalière TTC
Un restaurant de type rapide 50 à 120% du CA annuel TTC et traditionnel 60 à 90% le CA annuel TTC
Etc …
Comme vous pouvez le constater la fourchette est très large et les écarts d’évaluation qui en découlent vont du simple au double.
Evidemment en tant que vendeur vous prendrez la fourchette haute et l’acheteur la fourchette basse. Difficile alors de se rejoindre lorsque l’écart de prix est aussi important.
Cette méthode est très simple, voire trop simple, pour ne pas dire simpliciste, mais elle a le mérite de donner une première idée. Je vous invite, toutefois, à ne pas la prendre pour argent comptant et à la comparer aux autres méthodes.
Cette méthode est prisée par les financiers car elle est très concrète et basée sur des valeurs réalistes. Elle consiste à faire une simple soustraction : la valeur des actifs – le montant des dettes (le passif).
la valeur des actifs doit tenir compte des immobilisations corporelles (les terrains, les constructions, l’agencement des bâtiments, le mobilier, les machines, les gros outils, le matériel informatique) et incorporelles (les logiciels, les brevets, les marques, les licences, le fonds de commerce, les fichiers clients etc…
la valeur du passif doit tenir compte évidemment des dettes mais également de provisions diverses liés à la spécificité de la société (comme par exemple des travaux nécessaires qu’il conviendra de financer …).
Si cette méthode a le mérite d’être également assez simple notamment en terme d’évaluation d’actifs, quoique que certaines données comme la valeur de fichier clients peuvent être sujettes à discussion, l’évaluation du passif peut être plus compliquée et surtout plus contestable par l’acquéreur notamment au regard des provisions que le vendeur aura tendance à minimiser.
L’EBE est le résultat comptable avant produits, charges financières et exceptionnels et amortissement.
En résumé l’EBE est la capacité que l’entreprise dégage pour rembourser un (ou plusieurs) emprunt quel qu’il soit et notamment un fonds de commerce.
Cette notion est capitale et particulièrement regardée par les banques car une entreprise qui ne dégage pas le cash nécessaire, pour rembourser un emprunt qu’elle sollicite, sera refusé. D’où la nécessité de bien connaître cet élément afin de ne pas perdre de temps avec des acquéreurs sollicitant des financements trop élevés.
L’EBE est souvent retraité en fonction de la spécificité de l’entreprise et surtout de ses dirigeants. Les retraitements les plus courants sont liés à:
la gestion personnelle du dirigeant comme des charges trop lourdes supportées par la société et qui ne sont pas justifiées, ou inversement l’absence de rémunération du dirigeant, voire l’absence de loyer car le dirigeant possède également les murs …
la nécessité de changer du matériel ou des travaux nécessaires qu’il faudra financer ou au contraire la fin de financement qui n’a pas besoin d’être renouvelé. …
Vous l’aurez compris cette méthode devra être mise en avant dans toute évaluation notamment si votre acquéreur a besoin d ‘un financement car elle sera la méthode privilégiée par l’établissement bancaire.
Dans le cas d’entreprises qui ont une forte croissance, il est possible d ‘utiliser cette méthode qui consiste à estimer le cash-flow prévisionnels des 5 prochaines années auxquels on va appliquer des taux d’actualisation qui consiste à provisionner les risques rencontrés. Les bilans prévisionnels, qui en résultent, n’auront de valeur que dans le cadre d’une activité en plein essor et également d’une négociation avec l’acquéreur qui en acceptera les termes.
Tous les éléments vus ci-dessus ne font référence qu’à une seule analyse : l’analyse financière. Mais d’autres éléments vont devoir être pris en compte :
le marché, la conjoncture et leur devenir
l’aspect juridique (forme de la société et conséquences sociales, les brevets et leur détention, les contrats clients et fournisseurs, les décisions prises en assemblée générale qui pourraient avoir des conséquences sur le futur …)
l’aspect social (le personnel, les contrats de travail, les départs à la retraite ou les licenciements prévisionnels et leur coût ….)
l’outil de production (nécessité de remplacement de machines, de changements de locaux …)
le savoir-faire de façon générale mais aussi l’influence du dirigeant sur l’activité…
Un commerce ou une entreprise est un ensemble et surtout dans les PME le dirigeant est l’homme clé. Il faut bien appréhender que le départ de cette personne aura un impact sur les salariés, les clients et les fournisseurs, parfois positif mais également négatif.
Alors déterminer la valeur d’un commerce ou d’une société est parfois difficile mais comme toujours un terrain d’entente sera à trouver entre les parties pour autant que le prix de mise en vente au départ ne soit pas rédhibitoire pour un acheteur potentiel.